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«Mettre fin à l'ère de l'impunité» à Gaza : 12 pays du «Sud global» instaurent une interdiction d'armes à destination d'Israël
Le sommet des 15 et 16 juillet réunissait à Bogota en Colombie le groupe de La Haye, créé en janvier 2025 pour défendre et faire respecter le droit international face à «l'occupation de la Palestine».
La mesure reste symbolique, mais le message se veut fort. À l'issue d'un sommet exceptionnel sur Gaza organisé à Bogota, en Colombie, les 15 et 16 juillet, une douzaine de pays issus du «Sud global» ont décidé d'adopter l'interdiction totale de toute fourniture d'armes ou de matériel militaire à destination d'Israël. Un tournant politique et diplomatique, alors que la communauté internationale peine à s'accorder sur des sanctions concrètes face aux opérations militaires dans la bande de Gaza.
Le sommet réunissait le groupe de La Haye, créé en janvier 2025 pour défendre et faire respecter le droit international face à «l'occupation de la Palestine». Le texte, porté par la Colombie et l'Afrique du Sud, co-présidentes du groupe, vise à «mettre fin à l'ère de l'impunité» à Gaza. Il dispose notamment de l'interdiction de toute exportation, vente ou transfert d'armes, de munitions, de matériel militaire et de biens à double usage vers Israël.
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Blocage de navires
Les dispositions prévoient aussi le blocage du transit, de l'accostage et de l'entretien dans les ports de tout navire soupçonné de transporter de l'armement à destination d'Israël. Les États signataires s'engagent aussi à refuser le recours à des fonds publics qui serviraient directement ou indirectement à l'occupation des territoires palestiniens. Enfin, ils se disent déterminés à demander des comptes à Israël face aux «crimes graves» commis sur le territoire palestinien.
Parmi les signataires figurent environ la moitié des 30 participants au sommet, notamment la Bolivie, Cuba, l'Indonésie, l'Irak, la Libye, la Malaisie, la Namibie, le Nicaragua, Oman et Saint-Vincent-et-les-Grenadines. Ces pays n'étant pas des fournisseurs majeurs d'armes à Israël. La portée immédiate de cette décision reste ainsi limitée. Mais les signataires ont dit vouloir passer «au-delà du simple discours» et adresser un message de fermeté en soutien au peuple palestinien. Ils fondent leur position sur l'avis consultatif rendu par la Cour internationale de Justice le 19 juillet 2024, qui a établi que l'occupation israélienne viole les normes essentielles du droit international. Cet arrêt exhorte les États à ne pas soutenir cette situation illégale et ouvre la voie à la mise en œuvre de sanctions dans le cadre de leur droit national.
Aux côtés du président Gustavo Petro et du ministre sud-africain Ronald Lamola qui ont présidé l'événement, la rapporteuse spéciale des Nations Unies Francesca Albanese a pris la parole tout au long du sommet, dénonçant la paralysie mondiale face aux massacres à Gaza. Pour elle, «éviter de qualifier de génocide» la situation actuelle constitue déjà «une posture politique», a-t-elle déclaré. À ce jour, au moins 58.000 personnes, majoritairement des civils, ont été tuées à Gaza selon des données du ministère de la Santé palestinien, jugées fiables par l'ONU.